On parle du Marché solidaire dans la presse

Le Marché Solidaire, une épicerie pleine de liens dans les rayons

Par « Kaizen », média positif le 19 juillet 2016

 

Le Marché Solidaire est une épicerie qui intervient auprès des habitants bénéficiant des minimas sociaux, pour qui s’alimenter est devenu un combat au quotidien. Située dans le 14e arrondissement, l’association prodigue nourriture et chaleur humaine à une centaine de bénéficiaires par an. Le lieu propose à ces derniers de ne payer que 20 % du prix fixé en magasin, et d’ainsi pouvoir vivre dignement.

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« Si on regarde un frigo vide, on a peur » affirme Ghislaine, bénéficiaire du Marché Solidaire, actuellement au chômage.

La peur de manquer, de ne plus pouvoir acheter ne serait-ce que les produits de base, voici ce contre quoi lutte au quotidien cette association. Depuis 2012, cette épicerie sociale et solidaire propose à des familles qui résident dans le 14e arrondissement de Paris de réaliser leurs achats à moindre prix. L’association vise ainsi à pallier l’absence d’accompagnement social qui va de pair avec les dispositifs d’aide d’urgence. Mais elle permet aussi et surtout d’aider les foyers modestes qui, une fois leurs charges réglées, ont très peu de possibilités d’épargner.

Plus concrètement, les familles bénéficiant des services du Marché Solidaire sont orientées par les travailleurs sociaux. Ces derniers transmettent un dossier sur lequel doit figurer le reste à vivre (argent disponible une fois les charges payées) des membres du foyer – celui-ci se doit d’être supérieur ou égal à quatre euros par jour et par personne –  qui doivent, en outre, résider dans le 14e. En contrepartie de l’aide alimentaire qu’elle apporte, l’épicerie demande également à chaque bénéficiaire de réaliser un projet : recouvrement de dettes, départ en vacances ou achat d’équipements électroménagers ou de meubles. Car il s’agit de responsabiliser, autant que de donner un sens à la venue de chacun.

L’aide apportée par Le Marché Solidaire se différencie du principe du colis alimentaire, dont le contenu est imposé en ce qu’il offre un self-service accessible tous les mardis après-midi et les jeudis matins. Les achats sont limités en fonction du nombre de personnes présentes dans chaque foyer. L’épicerie propose à ceux qui en bénéficient d’acheter à moindre prix des produits indispensables à la vie de tous les jours : huile, pâtes, yaourts, légumes, fruits, viandes et hygiène. « J’ai voulu que ça soit bénéfique pour les gens, non seulement parce qu’ils font des économies du point de vue alimentaire, mais aussi parce qu’ils rencontrent du monde. » explique Maryse, fondatrice de l’association Le Marché Solidaire.

« Un havre de paix »

Chaque personne qui vient ici bénéficie d’un accès de trois mois, renouvelables jusqu’à six mois maximum. Mais aussi d’un accompagnement social personnalisé sous forme d’entretiens réalisés par Joana, conseillère en économie sociale et familiale, en contrat aidé jusqu’en octobre prochain. « La base de l’ouverture d’une telle structure, c’est la solidarité, la convivialité, et voir que l’autre existe » affirme Maryse. Pour ce faire, l’épicerie propose également des ateliers (cuisine, santé et nutrition, travaux manuels) ouverts aux seuls bénéficiaires, ainsi que des événements afin de permettre à toutes les personnes évoluant dans cette structure de (re)tisser des liens.

« Dès que l’on arrive, c’est un havre de paix. On se sent bien » affirme Suzanne dont la petite retraite ne suffisait plus à payer ni le gaz, ni l’électricité.

Trois mois passés au Marché Solidaire lui ont permis de mettre de l’argent de côté afin de régler cet impayé. « J’ai pris conscience qu’il ne fallait pas faire l’autruche » affirme-t-elle. Suzanne s’est vue renouveler sa durée d’accès à l’épicerie de trois mois supplémentaires. Elle pense pouvoir sortir du rouge d’ici la fin de son contrat passé avec l’épicerie, soit le 2 août prochain.

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Le sourire en prime

L’association peut compter sur un solide réseau de bénévoles, une soixantaine en tout et pour tout. Même s’ils ne sont généralement qu’une vingtaine, en semaine, sur les différents postes de l’épicerie. Accueil, caisse, gestion des stocks : le travail ne manque pas ! « Ce n’est pas grand-chose de parler ou de sourire, et c’est gratuit en plus » affirme Nicole, jeune retraité qui a fait de l’accueil son poste de prédilection. « C’est une petite structure, du coup on peut mieux s’occuper des bénéficiaires » explique Kelly, retraité également qui, elle, se définit plutôt comme une bénévole « multitâches ».

Et polyvalent, il faut l’être, puisqu’en plus de la gestion de l’épicerie à proprement parler, l’association organise des collectes en supermarché, notamment avec La Banque Alimentaire, qui s’étalent parfois sur un week-end entier. Ces événements lui permettent d’engranger entre quatre et six tonnes de produits par an. L’épicerie profite également des apports en fruits et légumes du Potager de Marianne, un « Atelier Chantier d’Insertion » (ACI) qui s’occupe de récupérer les invendus ou de négocier des prix auprès des grossistes du marché de Rungis. Elle récupère ainsi près de trois tonnes de fruits et légumes chaque année. Le Marché Solidaire organise aussi des ramasses auprès d’un supermarché, rue d’Alésia, à raison d’une tonne et demi par an. Tout est bon pour remplir les rayons !

 

« On a une quantité établie et ça nous permet, toutes les semaines, d’avoir une bonne partie de ce dont on a besoin » explique Rico, bénéficiaire.

L’épicerie solidaire permet à cet ancien chauffeur de taxi au chômage, en reconversion dans le coaching sportif, de financer les formations dont il a besoin afin d’exercer son futur métier. Un pari sur l’avenir qui, au fil des visites et des conseils, passe aussi par un apprentissage au niveau de la gestion de son budget. L’année passée, la structure a permis à 99 personnes, sur un total de 153, de concrétiser leur projet. Le Marché Solidaire, plus qu’une épicerie, cherche avant tout à rompre l’isolement de ses bénéficiaires, et pose ainsi les premiers jalons de leur réinsertion au sein de la société.

 

Le Marché Solidaire, historique

L’association « Le Marché Solidaire » s’est créée en 2009 dès suite d’un travail exploratoire mené par la Mairie du 14e arrondissement, en collaboration avec les associations caritatives locales, afin d’évaluer les besoins d’aide alimentaire de la population. Les échanges résultants de ce travail ont mis en évidence une paupérisation accrue des foyers parisiens… Et, de fait, la nécessité d’y répondre. Un groupe de travail animé par l’ANDES (Association Nationale du Développement des Épiceries Solidaires) est formé. Il met en avant la nécessité de fournir une alternative à l’aide d’urgence : l’idée d’une épicerie sociale et solidaire implantée dans le 14e est née. « Le Marché Solidaire » se porte volontaire pour concrétiser ce projet. Après quelques tribulations – recherche de local, de financement – l’épicerie ouvre finalement ses portes en février 2012 et accueille ses premiers bénéficiaires en avril de la même année. Depuis, la structure ne cesse de se développer, à tel point qu’elle accueille désormais trente-cinq bénéficiaires hebdomadaires.

Léa Esmery, pour le journal « Kaizen » © Kaizen, construire un autre monde… pas à pas

 

 

 

 

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